jueves, 9 de febrero de 2012

La tirade du nez

Les élèves de français sont allé(e)s au théâtre voir Cyrano de Bergerac. Voilà un extrait de la tirade du nez, vraiment sublime..


CYRANO
Ah ! non ! c'est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire... Oh ! Dieu !... bien des choses en somme...
En variant le ton, - par exemple, tenez
Agressif : « Moi, monsieur, si j'avais un tel nez,
Il faudrait sur-le-champ que je me l'amputasse ! »
Amical : « Mais il doit tremper dans votre tasse
Pour boire, faites-vous fabriquer un hanap ! »
Descriptif : « C'est un roc !... c'est un pic !... c'est un cap !
Que dis-je, c'est un cap ?... C'est une péninsule ! »
Curieux : « De quoi sert cette oblongue capsule ?
D'écritoire, monsieur, ou de boîte à ciseaux ? »
Gracieux : « Aimez-vous à ce point les oiseaux
Que paternellement vous vous préoccupâtes
De tendre ce perchoir à leurs petites pattes ? »
Truculent : « Ça, monsieur, lorsque vous pétunez,
La vapeur du tabac vous sort-elle du nez
Sans qu'un voisin ne crie au feu de cheminée ? »
Prévenant : « Gardez-vous, votre tête entraînée
Par ce poids, de tomber en avant sur le sol ! »
Tendre : « Faites-lui faire un petit parasol
De peur que sa couleur au soleil ne se fane ! »
Pédant : « L'animal seul, monsieur, qu'Aristophane
Appelle Hippocampéléphantocamélos
Dut avoir sous le front tant de chair sur tant d'os ! »
Cavalier : « Quoi, l'ami, ce croc est à la mode ?
Pour pendre son chapeau, c'est vraiment très commode ! »
Emphatique : « Aucun vent ne peut, nez magistral,
T'enrhumer tout entier, excepté le mistral ! »
Dramatique : « C'est la Mer Rouge quand il saigne ! »
Admiratif : « Pour un parfumeur, quelle enseigne ! »
Lyrique : « Est-ce une conque ? Êtes-vous un triton ? »
Naïf : « Ce monument, quand le visite-t-on ? »
Respectueux : « Souffrez, monsieur, qu'on vous salue,
C'est là ce qui s'appelle avoir pignon sur rue ! »
Campagnard : « Hé, ardé ! C'est-y un nez ? Nanain !
C'est queuqu'navet géant ou ben queuqu'melon nain ! »
Militaire : « Pointez contre cavalerie ! »
Pratique : « Voulez-vous le mettre en loterie ?
Assurément, monsieur, ce sera le gros lot ! »
Enfin parodiant Pyrame en un sanglot :
« Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître
A détruit l'harmonie ! Il en rougit, le traître ! »
? Voilà ce qu'à peu près, mon cher, vous m'auriez dit
Si vous aviez un peu de lettres et d'esprit
Mais d'esprit, ô le plus lamentable des êtres,
Vous n'en eûtes jamais un atome, et de lettres
Vous n'avez que les trois qui forment le mot : sot !
Eussiez-vous eu, d'ailleurs, l'invention qu'il faut
Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
me servir toutes ces folles plaisanteries,
Que vous n'en eussiez pas articulé le quart
De la moitié du commencement d'une, car
Je me les sers moi-même, avec assez de verve,
Mais je ne permets pas qu'un autre me les serve.

Traduction:

CYRANO: ¡Ah, no, sois algo corto, jovenzuelo!

Pueden decirse… ¡Dios mío!… tantas cosas más…

Variando el tono ― por ejemplo, atended:

Agresivo: “¡Yo, caballero, si tal nariz tuviera

os juro que al instante me la amputaría!”

Amistoso: “¡Se os debe de meter en vuestra taza; para beber, tendréis que fabricaros una copa especial!”

Descriptivo: “¡Es una roca!… ¡Un pico!… ¡Un cabo! ¡Qué digo un cabo!… ¿Es toda una península!”

De escribanía: “¿Caballero, o caja de tijeras sois?”

Curioso: “¿De qué os sirve esa oblonga cápsula?”

Gracioso: “¿Tanto amáis a los pájaros que paternalmente os preocupasteis de tender esa percha a sus pequeñas patas?”

Truculento: “Cuando fumáis, caballero, y el humo del tabaco sale de vuestra nariz ¿ningún vecino grita: ¡Fuego en la chimenea!?”

Previsor: “¡Cuidaos de que, por ese peso vencida, no os haga la cabeza dar contra el suelo!”

Tierno: “¿Por qué no hacerle una sombrilla para que el sol no marchite su color?”

Pedante: “¡Sólo el animal, señor, que Aristófanes llama Hipocampelefantecamello debió tener bajo la frente tanta carne sobre tanto hueso!”

Galante: “¿Qué tal, amigo?, ¿está de moda ese gancho? ¡Muy cómodo ha de ser para colgar sombreros!”

Enfático: “¡Ningún viento puede, oh nariz magistral, acatarrarte por completo, a excepción del mistral!”

Dramático: “¡El mar rojo cuando sangra es!”

Admirativo: “Para un perfumista, ¡vaya anuncio!”

Lírico: “¿Es eso una concha? ¿Sois vos un tritón?”

Ingenuo: “Ese monumento, ¿a qué hora se visita?”

Respetuoso: “Permitid, señor, que os felicite,

¡eso es lo que se dice poner en Flandes una pica!”

Rústico: “¿Qué eso es una nariz? Ni hablar:

¡O es un nabo gigante, o es un melón pequeño!”

Militar: “¡Apuntad con eso a la caballería!”

Práctico: “¿Queréis rifarla en una lotería? A buen seguro, señor, gordo el premio sería”.

Imitando en fin a Píramo en uno de sus lamentos: “¡Ah!, nariz que destruyes de los rasgos de tu dueño la armonía! ¡De tu propia traición te ruborizas!”

Poco más o menos esto, querido, me habríais dicho si algunas letras tuvierais y algún rastro de ingenio; mas de éste, vos, el más lamentable de los seres, nunca tuvisteis un solo átomo, y de letras sólo tenéis las ocho que forman la palabra: ¡Majadero!

Si además la inventiva tuvieseis necesaria para poder aquí, ante estas nobles galerías, dedicarme todas estas extravagantes bromas, no hubierais articulado la cuarta parte de la mitad del principio de una, pues, si yo mismo me las sirvo con bastante inspiración, no permito que nadie más me las dedique».